Dahmane El Harrachi
(Abderrahmane Amrani) , né le 7 juillet 1926 à El-Biar (un quartier d'Alger) et mort le 31 août 1980 à Aïn Benian (près d'Alger) de parents Berberes Chaouis originaires de Khenchela, est un musicien, auteur-compositeur et interprète algérien de musique chaâbi.
Son
fils, Kamel El Harrachi, également auteur-compositeur-interprète de Chaâbi,
continue de faire vivre son répertoire.
Son
parcours artistique de chanteur est emprunté de sa propre expérience de la vie
en traduisant dans ses chansons, écrites dans la langue algérienne, toutes les
déclinaisons de l'immigritude.
D'origine
chaoui du village Djellal dans la wilaya de Khenchela, son père s'installe Ã
Alger en 1920 et devient muezzin à la grande mosquée. Après la naissance de
Dahmane (diminutif de Abderrahmane), la famille déménage à Belcourt, rue Maret,
puis s'installe définitivement à El Harrach. Benjamin d'une famille de onze
enfants, c'est d'El Harrach que Dahmane tient son surnom d'El Harrachi. Il
s'initie très tôt au banjo, il est influencé par le chanteur chaâbi Khelifa
Belkacem (décédé en 1951). À 16 ans, il interprétait déjà les chansons de ce
dernier. Le certificat d'études en poche, il se fait cordonnier puis receveur
de tramway sur la ligne reliant Maison Carrée à Bab El-Oued. C'est déjà un
virtuose du banjo et beaucoup de chanteurs chaâbi des années quarante s'offrent
ses services tels que : Hadj Menouar, Cheïkh Bourahla, Cheïkh Larbi el Annabi,
Abdelkader Ouchala et surtout Cheikh El Hasnaoui avec qui il se produit pour la
première fois au Café des artistes, rue de Charonne à Paris en 1952.
En
1949, il se rend en métropole et s'installe à Lille, puis à Marseille et enfin
Paris, ville qu'il ne quittera pratiquement plus. Pendant des années, il se
produit dans les cafés maghrébins des villes de France avec son banjo en
interprétant le répertoire chaâbi. Il découvre alors le décalage entre la
réalité de l'immigration et le répertoire maghrébin du melhoun écrit entre le
XVIe et le XIXe siècle. Auteur-compositeur, il adapte à sa manière le chaâbi en
créant un nouveau langage musical et poétique. Ses chansons parlent du vécu
dans un parler soutenu, compréhensible par toute la communauté maghrébine.
Il enregistre
son premier disque chez Pathé Marconi en 1956, pendant la guerre
d'indépendance. Sa chanson portait le titre de behdja bidha ma t'houl (Alger la
blanche ne perdra jamais de son éclat) et compose aussi la chanson kifech
nennsa biled el khir (Comment pourrai-je oublier le pays de l'abondance).
Artiste original, il a modernisé le chaâbi et a donné au banjo et au mandole un
phrasé, une harmonie et des accentuations qui lui sont propres et qui le
distinguent des autres chanteurs chaâbi. Son répertoire est constitué d'environ
500 chansons dont il est l'auteur. Ses paroles incisives et ses mélodies le
font apprécier du grand public. Pour donner plus de contenance à ses textes
lyriques, il fait très souvent appel au procédé métaphorique. Sa voix
rocailleuse se prête très bien à son répertoire brossant les thèmes de la
nostalgie du pays, les souffrances de l’exil, la passion pour sa ville natale,
l'amitié, la famille, les déboires amoureux, les vicissitudes de la vie, la
droiture, la rigueur morale tout en fustigeant la malhonnêteté, l'hypocrisie, l'ingratitude
et la mauvaise foi.
Il a fait toute sa
carrière artistique en France et il a eu la reconnaissance de ses pairs lors du
Festival de la Musique maghrébine qui s'est tenu au début des années 70 à La
Villette. Découvert sur le tard par la nouvelle génération en Algérie, il ne
s'est produit officiellement en public qu'en 1974 à la salle Atlas d'Alger où
il remporta un franc succès. À la télévision algérienne, il a laissé trois
enregistrements et a joué son propre rôle de chanteur chaâbi dans un téléfilm
qui a pour titre saha Dahmane (Salut Dahmane) tourné juste avant sa disparition
dans un accident de la route survenu le 31 août 1980 à Aïn Benian.
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